Bikepacking USA traversée Amérique à vélo

Bikepacking USA : comment Willy a traversé l’Amérique seul à vélo

Pendant notre road trip aux USA, on a croisé la route de Willy, un voyageur pas comme les autres. Seul avec son vélo, il traverse le pays de Austin à Vancouver en bikepacking, avec un objectif en tête : explorer son pays de naissance à son rythme, et réaliser un rêve d’enfance… voir des baleines pour la première fois.

Bikepacking USA histoire vraie traversée vélo Amérique
Le Bikepacking aux USA vécu par Willy

Cette rencontre spontanée nous a marqués. Son histoire méritait d’être partagée, alors on lui a posé quelques questions pour en savoir plus. Voici l’interview d’un aventurier du quotidien, passionné, inspirant, et 100 % authentique.

Table des matières

Qui es-tu, William, et pourquoi du bikepacking aux USA ?

Je m’appelle William, j’ai 29 ans. Né près de Chicago, aux États-Unis, de parents belges, j’ai grandi et vécu à Paris. Après cinq ans passés à travailler dans la tech, j’ai décidé de tout quitter pour suivre mes rêves et partir à l’aventure en bikepacking aux USA…

face à Monument Valley

Rien ne me prédestinait à partir aussi loin et aussi longtemps à vélo. J’aimais ça, mais sans jamais pédaler plus de quelques heures d’affilée… Puis le COVID est arrivé. Chacun cherchait son échappatoire : la mienne fut d’acheter un gravel (un vélo à mi-chemin entre route et VTT) dans le magasin en bas de chez moi, pour 1 100 € tout compris. 

Ce fut un investissement symbolique pour un futur incertain. Mais les confinements, puis la peur du vol, ont laissé le vélo dormir deux ans dans une cave…

Qu’est-ce qui t’a vraiment poussé à tout quitter pour traverser les États-Unis à vélo ?

En février 2024, après une séparation douloureuse, l’envie de tout quitter s’est imposée. Je rêvais de la Suède, mais j’ai dû attendre juillet pour partir trois semaines à vélo vers Stockholm, longeant les côtes de six pays et parcourant plus de 2 000 km. Ce périple fut un souffle de liberté, une révélation : je devais suivre mes rêves.

premier périple à vélo en Suède
Premier périple à vélo en direction de la Suède

De retour à Paris, en pleine période des Jeux olympiques où Léon Marchand remporta deux médailles d’or, je ressentis une euphorie étrange, mêlée à un profond malaise. 

Reprendre le travail fut un choc : la boule au ventre, incapable d’ouvrir mes mails, je réalisais l’immense décalage entre ma vie sur le vélo et celle devant un écran. Quelle claque !

C’est à ce moment-là qu’est né mon désir de traverser les États-Unis à vélo. J’ai annoncé ma démission, conclue en bonne intelligence, et terminé mon CDI la veille de mon anniversaire.

Comment ton projet de traverser les USA à vélo s’est-il concrétisé ?

Quel a été ton point de départ pour ce projet de Bikepacking aux USA ?

Fin 2024, après un passage en Provence chez ma mère, j’ai trouvé mon premier sponsor, Café du Cycliste, lors d’une sortie à vélo avec un ami. Ce moment a marqué un tournant : j’ai commencé à structurer mon projet et, assez naturellement, j’ai choisi mon point de départ. Direction Austin, Texas, où vivait mon frère depuis un an, fraîchement installé pour débuter sa carrière d’ingénieur.

austin texas

Pourquoi traverser les États-Unis à vélo ?

Malgré la culture très ancrée de la voiture, l’idée de traverser les États-Unis à vélo m’est apparue comme une évidence, pour trois raisons principales :

  • Retrouver mes racines. Je suis né là-bas sans vraiment connaître ce pays. J’ai toujours rêvé d’explorer ses grands espaces, ses paysages spectaculaires et ses histoires.
  • Inspirer les autres. Les États-Unis ne sont pas une destination populaire chez les cyclistes, et pourtant, en montrant que c’est possible, j’espérais aider à changer les mentalités sur la place du vélo et sur notre manière de voyager.
  • Migrer comme les baleines. Ces mammifères m’ont toujours fasciné. Mon rêve était de rejoindre l’île de Vancouver, au Canada, pour les observer enfin, pour la première fois.
sauver les baleines

Ce voyage est-il aussi un engagement personnel ?

Ce rêve de rejoindre Vancouver pour observer les baleines a pris encore plus de sens après la libération de Paul Watson, figure emblématique de la protection des baleines. Pour soutenir son combat, j’ai lancé une cagnotte en ligne au profit de sa fondation, la CPWF.

Comment as-tu organisé ton itinéraire et choisi ton équipement ?

Entre mon point de départ et mon arrivée, j’ai volontairement laissé une grande part à la flexibilité et à l’improvisation. Cela me permet de suivre mes envies, de m’adapter, et d’explorer les parcs nationaux, véritables trésors naturels du pays.

traversée de l'Amérique à vélo de Austin à Vancouver
L'itinéraire de Austin à Vancouver

Côté matériel, j’ai acheté sur place un Surly Midnight Special, un vélo gravel déniché dans la plus ancienne boutique cycliste du Texas, que j’ai ensuite personnalisé pour l’adapter aux conditions de mon voyage.

Bikepacking USA gravel bike

Le bikepacking aux USA, vu par Willy

Pour toi, qu’est-ce que le bikepacking représente vraiment ?

Le bikepacking, pour moi, est bien plus qu’un simple voyage à vélo : c’est une philosophie d’aventure. On emporte juste ce qu’il faut pour être autonome, libre, et avancer au rythme de ses envies, que ce soit sur un week-end, quelques semaines ou plusieurs mois. C’est le parfait équilibre entre la randonnée et le road trip : assez lent pour s’immerger dans la nature, assez rapide pour traverser des villes ou des pays dans un temps raisonnable.

traverser l'Amérique à vélo

À quoi ressemblait une journée type pendant ton aventure de bikepacking aux USA ?

Je parcourais en moyenne 75 km par jour, soit un total de 11 053 km sur 9 états en 5 mois et demi, bien au-delà de ce que j’avais prévu. Chaque journée était une aventure à part entière, rythmée par le soleil, les rencontres et mes envies. Mes routines étaient simples : démonter la tente, pédaler, chercher de l’eau, se ravitailler, trouver un lieu pour dormir.

Dodo avec vue
Dodo avec vue

Le confort en bikepacking : ça finit par aller, même pour les fesses ? 😅

Les douleurs aux fesses disparaissent avec l’habitude et un bon cuissard. Les douches étaient rares, souvent improvisées dans un ruisseau, lac ou cascade comme Zapata Falls au Colorado où j’ai rencontré le célèbre duo de voyageurs derrière Ephemeos.

récit voyage à vélo états unis
Céline et Willy face aux Great Sand Dunes au Colorado
rencontre bikepacker usa
Selfie un peu flou de Michel, Céline, Willy et sa baleine

Plus de 90 % de mes nuits se sont passées sous ma tente Décathlon, renouant avec l’esprit cowboy du Far West. J’ai toujours très bien dormi, sauf la nuit où un ours noir à Yosemite a tiré mon vélo, attiré par des barres énergétiques oubliées. Une belle frayeur, mais heureusement sans conséquence.

Le soir où un ours a tiré le vélo - Yosemite National Park
Le soir où un ours a tiré le vélo - Yosemite National Park

Tu as voyagé seul aux USA : est-ce que tu as souffert de la solitude ?

Voyager seul était un choix : celui de me retrouver.

seul
Se retrouver en voyageant seul

J’aurais aimé partager cette aventure, mais personne n’était assez fou ou disponible pour m’accompagner sur toute la durée. Pourtant, je n’ai jamais ressenti la solitude. Durant 165 jours, il n’y eut qu’une seule journée sans échange humain. Les rencontres, souvent inattendues, avec des locaux, des cyclistes, des fermiers ou des âmes nomades ont illuminé mon chemin.

rencontre en chemin cycliste USA
Rencontre en chemin

C’était quoi ton carburant, mentalement et physiquement ?

Être végétarien aux États-Unis représentait un défi supplémentaire, surtout avec un budget limité à 30 $ par jour pour manger et camper (environ 900 $ par mois). Heureusement, la dépréciation du dollar en milieu de voyage m’a offert un peu de répit.

Mon secret pour tenir ? Une tradition belge simple mais sacrée : un chocolat chaud par jour. C’était mon rituel, ma récompense, mon moteur au point d’en faire mon mantra pour soutenir mon voyage : “Buy me a hot chocolate.”

Tu n’as jamais voulu abandonner, même quand les baleines ne venaient pas ?

Les défis ont été nombreux : la distance avec mes proches, la différence culturelle, le manque de baguettes et de bons fromages… mais jamais je n’ai songé à abandonner.

Bikepacking USA
Abandonner ? Jamais !

J’ai eu des moments de doute et de fatigue comme :

  • Mes premiers jours au Texas furent un baptême du feu : 60 km sous un vent de face violent, une chaleur écrasante, des collines sans fin… et 5 crevaisons en 5 km, perdu au milieu du désert sans personne.
  • Sur la côte Pacifique, entre Monterey Bay et l’Oregon, j’ai passé un mois entier sans voir une seule baleine. L’année avait été catastrophique : collisions avec les bateaux, manque de nourriture, migration écourtée… J’étais profondément triste.
  • À l’arrivée sur l’île de Vancouver, ma fatigue s’est accentuée, ma tête voyant déjà la fin. Mais les rencontres avec d’autres bikepackeurs m’ont redonné du souffle et du courage.
Bikepacking USA une aventure solo

Et puis, la récompense : plus de 90 % des baleines que j’ai vues sont apparues lors des 2 dernières semaines. Une fin en apothéose, comme un signe que la persévérance finit toujours par payer.

baleine

La persévérance finit toujours par payer. Même quand les baleines tardent à se montrer, même quand le vent souffle de face, il suffit de continuer à avancer. Parce que le plus beau se trouve souvent… à la toute fin du chemin.

Quels sont les souvenirs les plus marquants de ton aventure à vélo ?

Chaque jour offrait des instants de beauté pure. Voici quelques-uns de mes souvenirs qui resteront gravés à vie :

  • Le plus émouvant : embarquer sur un bateau de pêcheur après une discussion autour de pancakes, et observer plusieurs baleines à bosse à moins de 25 m.
baleine observée à Vancouver
Observation de baleines
  • Le plus fou (rétrospectivement) : traverser Death Valley (200 km et 4 000 m de dénivelé) de nuit sous +30°C, et croiser un coyote à 5 mètres sur les dunes au lever du soleil.
Bikepacking USA coyote
Rencontre avec un coyote
  • Le plus enivrant : apercevoir le Pacifique après 3 mois de route, là où l’écume se mêle au parfum des fraises et où le coucher du solstice d’été se partage avec un guitariste.
  • Le plus surnaturel : se retrouver perdu au bord d’une falaise dans Redwood Park, entouré d’arbres millénaires sortis tout droit de mon imaginaire d’enfant, fan de Star Wars.
  • Le plus nostalgique : pédaler dans la Valley of the Gods et les canyons de l’Utah, submergé par les nuances de rouge façonnant des paysages hors du temps.
Bikepacking USA au coeur de l'Utah
Les roches rouges en Utah

Quelles leçons retires-tu de ce voyage ?

Ce voyage m’a appris à suivre mon instinct, repousser mes limites, ralentir et savourer chaque instant. Mon message est simple : osez poursuivre vos rêves ! Beaucoup ont trouvé l’inspiration pour se lancer à leur tour, sans doute l’un des plus beaux effets de cette aventure.

Bikepacking Amérique voyage à vélo
Ose poursuivre tes rêves !

Au fil du périple, j’ai découvert 27 parcs et monuments nationaux, de Yosemite au Grand Canyon, de Great Sand Dunes à Crater Lake. Ces joyaux naturels m’ont émerveillé, mais aussi rappelé leur fragilité face au changement climatique et aux tentatives de privatisation.

Yosemite en Californie
Parc National de Yosemite, Californie

Chaque canyon, forêt ou sommet enneigé m’a montré combien la nature peut être majestueuse mais vulnérable.

la beauté de l'ouest américain
La beauté de l'ouest américain

Au-delà des paysages, ce sont surtout les rencontres avec les Américains qui m’ont marqué, par leur générosité et leur bienveillance : des automobilistes m’offrant de l’eau, des snacks ou même un billet, et d’autres partageant simplement un moment de leur quotidien.

Pourtant, j’ai aussi perçu les limites de leur mode de vie : une dépendance extrême à la voiture, un rythme de travail intense laissant peu de place au temps libre, et une vie à crédit qui les éloigne parfois de l’essentiel.

À l’inverse, voyager lentement à vélo est un luxe. Cela permet de voir, de ressentir, et de s’imprégner de tout ce qu’on manquerait autrement.

Arc en ciel à Monument Valley
Arc en ciel à Monument Valley

Et maintenant, quelle est la suite ?

Installé à Seattle pour passer l’hiver, je rêve déjà de continuer le vélo au printemps 2026 pour explorer le Canada et le Nord des USA jusqu’à la côte Est, avant de revenir à la voile en Europe.

Pour suivre mon aventure : Willy on Bike sur Instagram, willyonbike.com et la carte de mes déplacements en live.

Et s’il fallait résumer tout ça en une seule phrase…

Le vrai voyage ne se mesure pas en kilomètres, mais en instants où l’on suit son instinct et pour lequel notre mouvement nous rapproche de ce qui nous fait vibrer ! 

moki dugway à vélo ouest américain

Les 5 conseils de Willy pour se lancer dans le Bikepacking aux USA ou ailleurs

  • Definissez une destination qui est désirable pour vous et déja balisée (sur EuroVelo ou Bikepacking.com par exemple).
  • Commencez petit en termes de durée et distance (pour vous familiariser avec ce type de voyage et évaluer ce qui est raisonnable comme distance possible par jour).
  • Partez avec le matériel que vous avez déjà ou que vous pouvez trouver autour de vous (au minimum un vélo et un sac à dos ou sacoches).
  • Prenez le strict minimum et retirez encore des habits (on en prend toujours trop).
  • Definissez le niveau de confort et donc de budget pour votre voyage (dodo en dur ou/et tente, quel budget global par jour pour manger, dormir etc.).
Bikepacking USA conseils

Bikepacking aux USA : traverser un continent à vélo, un exploit sportif mais pas seulement...

Willy n’a pas seulement traversé un continent : il a traversé ses peurs, ses limites, ses rêves d’enfant… à la seule force de ses jambes, de sa volonté, et d’un bon chocolat chaud. Son aventure de Bikepacking aux USA est bien plus qu’un exploit sportif, c’est un appel à ralentir, à écouter son instinct, à retrouver le goût de l’essentiel.

Bikepacking USA

Merci à lui d’avoir partagé avec nous ses souvenirs, ses galères, ses moments de grâce, et cette incroyable liberté que lui a offert le bikepacking aux USA. On espère que son histoire vous aura autant inspiré que nous.

Et toi, tu partirais où si tu devais suivre ton instinct aujourd’hui ?

Tu as aimé cette interview ? Dis-le nous en commentaire ou partage l’article autour de toi. Et n’oublie pas d’aller suivre Willy sur Instagram : @willyonbike.

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